René la Taupe ou le skate underground

A l'heure où les circuits de compétition Street League et Mountain Dew semblent être devenus les institutions de référence pour représenter le skate auprès du grand public, nombreux sont les skaters qui ont décidé de revenir aux racines du skate en choisissant une pratique underground. Au cours des dernières années, ont fleuri ça et là des marques mettant l'accent sur la nature indépendante et quasi-artisanale de leurs techniques de travail ou leur éthique : Polar, Magenta, Palace, Politic, ou plus anciennement Trauma etc. Des graphismes originaux, des skateurs créatifs sortant du traditionnel format hammer ; l'idée était de proposer une alternative aux marques de skate mettant en avant une pratique coupée du quotidien des skaters lambda souvent composé, il faut bien le reconnaître, de sessions sur des micro-curbs devant la supérette.


A y réfléchir, il semble que la culture populaire ait amorcé le même virage que l'industrie du skate.


Prenons l'illustre pop-star virtuelle René la Taupe, par exemple. Avec des centaines de milliers de disques vendus, sous ses airs de farceur et bon vivant, il semble bien inoffensif et destiné en premier lieu à un public d'enfants. Bien heureux les simples d'esprit. En réalité, René la Taupe est à la culture populaire ce que Pontus Alv et Shawn Powers sont au skateboard : une alternative. En effet, son ventripotent physique et sa bonhommie omniprésente sont une réponse aux modèles des pop-stars hyper-sexualisées à la plastique parfaite. Symbole de la révolution underground, René la Taupe permet à l'auditeur moyen, las des bêlements lascifs des Britney Spears et autres Ke$ha, de retrouver un sentiment de proximité avec l'artiste-interprète qu'il écoute.

Par ailleurs, il est évident que ce rapprochement a influencé les vidéastes de skate underground. En effet, comment ne pas voir dans cette section de la vidéo Tengu, réalisée par Colin Read, un clin d’œil subtil à l’œuvre de René la Taupe. Tels les mammifères fouisseurs nocturnes que sont les taupes, les skate-protagonistes de ce clip évoluent de nuit dans des galeries souterraines et proposent un skate sortant des sentiers battus. Clou du spectacle, le ollie de Connor Kammerer par-dessus la ligne de métro est une métaphore à prendre littéralement : au péril de sa vie, il nous incite à franchir cette ligne pour, nous aussi, nous engager dans une pratique du skate alternative.

                                

Les journalistes de notre bonne vieille rédaction ne sont pas avares lorsqu'il est question d'underground. En effet, l'un de nos reporters les plus engagés a d'ailleurs affirmé avoir inventé le skate underground. Après maintes railleries, il nous a scientifiquement prouvé, photographie à l'appui, qu'il était l'inventeur d'une des manœuvres phares du chef de file des powerslides alambiqués, Léo Valls.
Des images choc, qui laissent inévitablement une ombre au tableau du skateboard underground.


one foot bs nose blunt powerslide (post 2010)


one foot bs nose bluntpower slide full speed 10 ans avant la popularisation de cette manœuvre
Pour ceux qui douteraient de l'authenticité de cette preuve photographique indéniable, il suffit de se pencher sur les DVS Sean Sheffey portées par le sujet, alors âgé de 11 ans,  pour pouvoir dater la photographie sans hésitation.


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