dimanche 28 janvier 2024

Le roll-on grind, symptôme d'une génération de feignasses

Lylian Fev, roll-on fs crook

 https://soloskatemag.com/lilian-fev-unique-relique-from-paris

 
Phénomène observable depuis maintenant plusieurs années, le roll-on grind est un trick qui a aujourd'hui acquis une légitimité indéniable auprès des jeunes skateurs. Facile d'accès, et pouvant se révéler hautement photogénique, cette manœuvre se décline à l'envie et peut-être convoquée dans des situations aussi moult que diverses :

- le roll-on 50-50 en partant d'un étroit muret pour grinder une barrière CRS, bien souvent maintenue par un individu en état d'ébriété avancée, mais heureux de contribuer au trick. On parlera alors de la version hesh.

- la version tech : le protagoniste pinchera alors sont truck sur une arrête qui se présentera à lui sans qu'il ait à claquer son tail. Le flip out pourra alors permettre de proposer une sortie de niveau "expert" par opposition au roll-on qui constitue en soit une entrée en matière pour les novices.

- la version "esbrouffe" : le protagoniste se calera sur une arrête avec un gros drop à la sortie et prendra une expression faciale engagée le temps du frottement des essieux sur l'arrête. Cette version se pratique généralement en arborant un t-shirt de groupe qui n'existe pas et un bonnet enfoncé au ras des yeux.


Casper Brooker a enfoncé son bonnet jusqu'au ras des yeux et se lance en fakie roll-on fs tailslide 270 the hard way
Atlantic Drif : Casper Brooker

 

Oui mais, le roll-on grind c'est quoi ?

Le roll-on grind puisse ses racines dans l'histoire ante-ollienne du skate. Ce temps où le ollie n'avait pas encore été inventé pour gravir les dénivelés verticaux. A cette époque, l'un des seuls moyeux pour faire grinder ses essieux en street était alors de trouver un spot qui, grâce à son agencement, permettait un calage des trucks sans avoir à claquer son tail.

Puis, avec l'apparition du ollie, si le roll-on grind s'est fait moins présent, il est resté tout de même un passage nécessaire pour le novice désireux de connaître ses premiers émois en 50-50.

Le roll-on grind permet bien souvent aux novices de connaître leurs premiers frissons grindés.

La vrai question alors, est de se demander pourquoi ce retour en puissance du roll-on grind ? En effet,  le skateboard moderne est désormais doté de tous les outils pour permettre au pratiquant  de monter avec aisance sur un ledge. Quel phénomène pousse alors le jeune pratiquant à se tourner vers cette pratique ancestrale ?

Un exemple  contemporain de l'appétence du skateur de moins de 25 ans à recourir aux manœuvres à base de roll-on pourra être puise dans la vidéo "Off the ring" de Macéo Moreau.


Les jeunes se livrent ici fréquemment à des manœuvres sans ollie dans les quartiers multicultrels de la région Ile-de-France. On notera tout de même le vice d'un protagoniste qui combinera la technique du roll-on avec un front tail fs heelflip out, tout droit sorti de la vidéo Osiris the Storm.

 

Les jeunes d'aujourd'hui, une génération de feignasses

 Dans ce pamphlet ardent, Jean Rousselet nous livre un portrait sans concession d'une jeunesse qui n'en a plus rien à secouer.

 

C'est en puisant dans les écrits avisés de Jean Rousselet que nos rédacteurs ont pu trouvé un élément de réponse. En effet, il semblerait que la génération actuelle des jeunes souffre d'une crise identitaire qui la pousse a reléguer la valeur travail à la dernière de ses préoccupations. Les études portent à croire qu'ils ne veulent plus rien branler à part glander sur les internets et se plaindre que le monde brûle autour d'eux tout en vapotant un savoureux parfum caramel-Redbull.


 Entre progresser en skate ou fumer des shits, Timéo et Kyllian ont vite fait leur choix.

Résultats, les jeunes d'aujourd'hui sont en proie à une telle aliénation que claquer leur tail dans le cadre de leur hobby représente une charge de travail trop importante. Trop d'engagement physique, trop d'investissement moral. Trop de tout. Il n'est pas vain de dire que le jeune d'aujourd'hui est paralysé à l'idée de monter sur un ledge en ayant recours au ollie.

 


Dans ce contexte de délabrement moral généralisé, il n'est alors pas étonnant d'assister à la montée en puissance du roll-on grind. Il est une parade pour une génération qui n'en a plus rien à branler et qui pense plus à rapper sur Soundcloud que payer les retraites de ses aînés. Rouler pour se caler en grind devient même une déclaration performative en soit : en roulant vers mon grind, je me déclare de fait hors-compétition et ne prends pas part à la kermesse qu'est le skateboard moderne et progressiste.

En conclusion, méditons sur le mal être évident de ces jeunes en regardant une belle photographie d' Andrew Allen.

 

Andrew Allen ne fait pas vraiment de roll-on grinds, seulement quelques petits drop-ins sur d'étroits murets, par contre il a bien compris comment rien branler sur son skate et déchaîner les passions malgré tout. Et c'est beau.


dimanche 14 janvier 2024

Une histoire à coucher dehors… ou de l’usage de la figure du SDF dans la culture skate


Disclaimer : le terme "skate culture", ci-desssou usité à moult reprises, englobera ici une amas indéfini de pratiquants de skate et d'acteurs commerciaux de l'industrie du skate.

 

Homeless in Barcelona – © Rae Bathgate

 

Le skateboard est une activité qui se pratique dans la rue, caractérisée par une occupation de l’espace public, de manière durable et spectaculaire. Non pas spectaculaire dans le sens que cette activité est impressionnante, mais plutôt parce qu’elle “fait spectacle” par sa scénographie : les passants s'arrêtent volontiers pour regarder la scène qui se déroule devant eux. L’organisation de l’espace-même n’est pas sans évoquer celle d’un spectacle de rue : les skateurs qui regardent et encouragent, encerclant la scène du trick, le filmeur qui confère à la scène une qualité extraordinaire au point qu’elle mérite d’être immortalisée et, enfin, notre soliste, le skateur qui performe.


La grande communauté de la rue, le biotope du skateur


En tant qu’occupant temporaire de la rue, il n’est pas rare pour les skateurs de se retrouver à partager le spot avec les autres personnes qui habitent cet espace, temporairement ou non. Faune urbaine diverse composées de badauds lambdas, de vendeurs à la sauvette, de seniors installés sur un banc, de groupes de jeunes en tenue de sport siglée ou enfin, de SDF.

 

Parmi cette faune urbaine, le SDF est un individu avec qui le skateur est fréquemment amené à échanger. Rien d’étonnant, puisqu’il est par définition l’habitant permanent de cet espace. Que ce soit simplement pour partager l’espace avec plus ou moins de bienveillance, recevoir des conseils non-sollicités sur l’accomplissement d’un trick, voire partager une canette tiède de bière à bas prix, les occasions d'interactions avec les SDF sont nombreuses pour celui qui pratique la planche à roulette agressive dans une grande ville.



Dan Flatula, CEO de la Lodge, ne skate pas vraiment mais partage l’espace avec un SDF


Ces occasions sont non seulement fréquentes, mais également réparties de manière assez uniforme à travers le territoire géographique du skate mondial. De Bordeaux, à New York, en passant par Londres ou Barcelone, vous pouvez être certain que votre expérience du skateboard de rue ne se fera pas sans que votre chemin croise celui d’un SDF.


Notre thèse est donc la suivante : à force de ces interactions, il semblerait que la figure du SDF ait pris une signification toute particulière dans l’imaginaire collectif de la culture skate. Une sorte de totem.  

Dans un premier temps, interagir/fréquenter un SDF deviendrait un gage de légitimité pour le skateur en tant qu’occupant de la rue. On parlera alors de street cred’. Et dans un deuxième temps, la skate culture s’est mise à projeter sur la figure du SDF ses propres fantasmes de liberté, d’anti-conformisme et de détachements des choses matérielles.



José, pigiste chez La Lodge nous pitche son article sur les SDF.


Le skateur et le SDF, même combat ?


Par définition, la pratique du skateboard de rue se pense comme une activité rebelle et anti-conformiste. La fonction primaire du mobilier urbain est détournée par le skateur, et le détournement qu’il en fait est à des fins ludiques et artistiques. En outre, il ne sert à rien d’autre qu’au plaisir du pratiquant. Par ailleurs, pratiquer le skateboard dans la ville capitaliste moderne (comme le sont les agglomérations du monde occidental depuis un siècle), pensée pour faciliter la consommation et le transport de travailleurs vers leur lieu de travail, a réellement quelque chose d’anti-conformiste. (Zarka, La conjonction interdite).

 

Les loisirs classiques existent dans la ville, mais ils sont concentrés dans les lieux prévus à cet usage, délimités et ne contrevenant pas à la bonne marche des choses : le parc pour enfant, le city-stade, le mur d’escalade urbain, les installations de musculation, etc. Le skate dans la rue, lui, à la particularité de se dérouler au milieu du chassé-croisé des individus qui font un usage captitaliste de la ville (aller au travail, consommer, etc).


Par ce décalage, le skateur ressent donc aisément des affinités avec les personnes qui occupent la rue de manière prolongée et qui sont en décalage avec le rythme et les usages prévus. La proximité éprouvée à l’égard du SDF coule donc de source. Nous occupons le même espace, nous ne faisons pas que passer, nous ne sommes pas là pour consommer et…. Et ? Et bien, il semblerait que ça s’arrête là en fait. Car si le skateboarder est là pour son plaisir, le SDF, lui, ne l’est pas. Ajoutons à cela le  milieu social moyen dont est issu le skateur,  le coût du matériel de skate, le port de vêtements de marques de skate au prix exorbitant, et il semblerait qu’il n’y ait pas deux personnes avec moins en commun que le skateur et le SDF. 


Relativisons, il y a bien entendu de nombreux skateurs issus de milieu populaire. C’est d’ailleurs sous cet angle que le la mythologie du skateboard dans les années 90s a été souvent présentée par de nombreux pros : un échappatoire, un lieu de stabilité, en opposition avec le foyer familial, lieu de toutes les turbulences. Rappelons aussi, que pour plusieurs pros, le passage par la rue a été une étape dans leur parcours. Parmi d’autres, Jamie Thomas dormait à l’EMB à son arrivée en Californie, Stevie Williams couch-surfait à SF à l’âge de 15 ans, Chad Muska dormait à la belle étoile dans un parc à Santa Monica avant de faire sensation.




Néanmoins, ces parcours sont à mettre en perspective avec le fait que ces personnalités du skate ont volontairement quitté leur sphère familiale, pour partir en quête d’une carrière de skateur professionnel en Californie. En cela, elles se différencient significativement du parcours d’un individu dont la situation familiale ou financière l’aurait contraint à vivre dans la rue. 


Du core au mainstream, le SDF comme motif récurrent dans les vidéos de skate


Il semblerait que la culture skate soit en partie consciente de ce jeu de dupe et l’ait même digéré. En effet, de nombreuses vidéos de skate établissent des liens étroits entre skateur et SDF pour souligner le fait que nous, skateurs,  appartenons à la grande famille de la rue comme les SDF,  mais surtout, pour légitimer la street cred des pratiquants, leur donner une saveur plus alternative et donner un caractère plus authentique à leur vidéo. 


Les exemples sont innombrables parmi le paysage des vidéos de skate, nous n’en citerons donc que quelques-uns à l’emporte pièce :

 

  • Bill Strobeck et sa fascination pour les marginaux dans les vidéo Supreme

  • les clochards de LA filmés en long et en large par Beagle dans les vidéos Baker

  • les interactions nombreuses, parfois houleuses, avec les SDF de Love Park dans les vidéos Sabotage


Les amateurs de clips malaisants apprécieront ce plan séquence d’un junkie discutant le bout de gras en fumant avec une Anthony Pappalardo narquois, courtesy of Bill Strobeck.


A mon sens, là où cette utilisation devient problématique, c’est lorsque l’usage fait de l’image du SDF est dégradant et constitue une atteinte à la dignité de la personne. Qu’il s’agisse d’une personne réelle et physique, ou simplement de ce que représente le SDF. On est alors loin de la street cred du skatos, mais plutôt dans la moquerie dans sa plus simple forme.

 

Certains d’entre nous se rappelleront les tendres années collège à sauter par dessus des hobos dans le jeu vidéo Tony Hawk’s Pro Skater sans que cela n’éveille la moindre interrogation.  


Un petit ollie, buddy ?


Je vous propose de nous arrêter un instant sur la marque Anti-Hero. Souvent érigée comme “your favorite skater’s favorite board company”, c’est la marque qu’un grand nombre de pros skatent lorsqu’ils sont entre 2 sponsors, s’ils n’ont pas trop des goûts de chiotte. 

 


American is the land of freedom, mais faut pas déconner quand même.

Un team de légende, un skate résolument traditionnel, sans fioriture et intemporel. De Cardiel, à Grant Taylor, jusqu’à l’ajout récent de Nick Matthews, le team est impeccable.


La marque s’appuie sur une imagerie somme toute très américaine (l’aigle), tout en se moquant du conformisme et du capitalisme inhérent à cette société. Sans surprise, la figure du “hobo”,ce travailleur itinérant américain, est un donc une allusion récurrente présente sur les graphiques des planches, les pubs de magazines et même dans leur concept de vidéo.



Publicité Anti Hero publiée dans Thrasher. 

 

Rappelez-vous cette vidéo, Tent City. dont le titre fait référence à ces tent cities peuplées de vagabonds qui sont apparues pendant la Grand Dépresssion des années 30 pour accueillir toutes ces afflux de familles itinérantes ayant perdu leur maison suite à la crise.


 

 

L’objectif n’est pas de s’indigner, la référence étant plutôt innocente et drôle. C’est  avant tout pour montrer que ces nombreux indices témoignent d’une réelle identification à la figure du hobo pour cette marque. 

 

On soulignera tout de même que c’est cette même marque, si proche de la rue et des hobos qui montre l’un de ses riders faire des flips cabrettes par-dessus des SDF au bout du rouleau.


Qu’est-ce qu’on est street les manz’, vous trouvez pas ?

Extrait de la vidéo “Austin Kanfoush: Shit Canned Construction


Il y a quelque chose d’assez étonnant dans le fait qu’une marque puisse être à la fois aussi progressiste sur certains points (Brian Anderson a fait son coming-out alors qu’il était déjà chez Anti Hero), et valorise des comportements aussi problématiques à la fois


Loin de nous l’idée de les afficher eux plus que d’autres, car aussi bien la franchise des jeux vidéo THPS aux recettes faramineuses que les vidéos core de GX1000 font montre de ce petit penchant pour les manœuvres bien steezy par dessus les indigents.


Hobo-consomus


Il est intéressant de voir comment cette fascination pour le hobo, une personne sans ressources financières par définition, se retrouve de manière très ironique jusque dans les noms d’articles dans les catalogues des marques de skate, sur les graphiques de boards, etc.


Notre rédaction fut intriguée devant ce bonnet “Hobo” de bon goût vendu par Antiz Skateboards, bien souvent nommé les Anti Heros français par la plèbe. Au-delà de ce détail, eux aussi on fréquemment convoqué la figure du hobo dans l’élaboration de l’identité de la marque. Rappelez-vous leur fameux Hobo Erectus...

 

 

Si l’aventure hobo vous tente,  vous pourrez également vous procurer ce kit de couverts “hobo” pour la modique somme d’une centaine de dollars. Fruit d’un co-branding subtil entre Supreme et Anti Hero, cet article aura le mérite d’incarner les valeurs les plus antithétiques possibles. Entre la culture hypebeast portée par Supreme, et l’idéal du hobo campeur dans les grands espaces américains d’Anti Hero, le grand écart s’avère dangereux pour les adducteurs.




 

 

Alors, appropriation culturelle ? 

 

Au-delà de ces exemples anecdotiques, ce qui porte à réfléchir, c’est la marchandisation de la figure du SDF/hobo dans l’industrie du skate.

Tantôt, le SDF est un motif à intégrer à une vidéo en gage de street cred. Toute interaction avec lui sera alors gage de la bonne intégration des protagonistes de la vidéo dans la grande communauté de la rue. Souvent filmé à son insu, son apport à la vidéo se fera donc en dépit de lui-même.


A d’autres moments, c’est l’image du SDF-même qui apparaît en filigrane dans le fil narratif qui tisse l’identité d’une marque. Pour le consommateur, l’acquisition des biens de consommation proposés par la marque sera alors un passeport pour l’expérience enivrante et romantique de la vie anti-conformiste du hobo.

 

Ce qu'il y a d'ironique dans la situation, c'est que la communauté skate est la première à crier à l'appropriation culturelle et s'indigner lorsque ses codes sont repris par les normies, encore plus lorsque c'est fait à des fins commerciales. Il fut un temps où il semblait que rien ne pouvait plus faire enrager la communauté skate que le port de vêtements Thrasher par des non-skateurs. Il y a même eu toute une vague de vidéos virales où de pauvres normies se faisaient interpeller par quelque sombre connard révolté qui leur demandait si "Do you even skate, bruh ?"

 

 

 L'importance de l'engagement militant pour des causes qui comptent.

 

Sauf que lorsqu'on parle de reprise des codes du mode de vie hobo par la communauté skate, il y a quelque chose de bien spécifique qui se joue. En effet, ces codes-là ne sont pas ceux d'une culture alternative, comme cela peut être le cas pour les codes du skate, de la musique hardcore ou encore des communautés geeks, qui ont tous d'une manière ou d'une autre été repris par la société mainstream et utilisés à des fins mercantiles. 

 

Dans le cas de l'appropriation du hobo lifetstyle, ce qu'il y a de bien particulier, c'est que ces codes sont ceux d'une groupe d'individus faisant l'expérience de violences sociales et financières. Ils ne sont en aucun cas l'expression d'une culture alternative pensée et nourrie par la volonté des acteurs qui la composent. Ce qui, pour la culture skate, correspond à un idéal romantique de liberté et d'anticonformisme, n'est en fait qu'une simple vie faite de misère et de pratiques pour l'endurer au mieux (alcool, drogues, vie en communauté).

samedi 2 décembre 2023

Retour de La Lodge dans le PBF (Parc Bloguien Français)

 

 

Chers lecteurs et lecteuses,

Face à la mornitude ambiante qui caractérise notre époque, la reprise d’activité de La Lodge s’est rapidement imposée comme étant d’utilité publique. Une intuition au premier abord, un doute caractérisé ensuite, puis une évidence inéluctable. C’est donc avec un sens du devoir indéfectible que nos journalistes ont renfilé leur Dickies désormais un brin moulant et ont repris le chemin des bureaux de notre journal.

 


Mais cette fois-ci, il convient de noter que l’ambition est un tantinet différente. Est-ce la gravitas qui caractérise l’avancée dans l’âge adulte de nos ventripotents journalistes ? Peut-être. Le sérieux académique qui désormais entoure le discours autour du skateboard en tant qu’objet culturel ? Sans doute. La perspective du couperet final qui viendrait mettre un terme à toute possibilité physique de pratiquer le skateboard agressif à l’approche de la quarantaine ? La question reste ouverte.

Toujours est-il que nos ambitions sont maintenant un peu plus matures. Aussi, si la tonalité humoristique ainsi que la blagounette resteront de mise, l’ambition est aussi de dresser un portrait de la pratique du skateboard aujourd’hui. Comment s’inscrit-elle dans notre société ? Comment évolue-t-elle en tant que pratique et en tant que phénomène culturel ? Que dit-elle de ses pratiquants ?

C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme, et empreints d’une sagesse résolue, que nous faisons notre retour dans le paysage très select du skateblog hexagonal.

Notre ligne éditoriale oscillera donc entre 2 axes principaux :

- réponde à l'impossible : c'est quoi faire du skate aujourd'hui ?

- rendre compte de l'activité de la scène bordelaise dans la longue tradition du fanzinat skateboardien.

 Vaste programme.  

Cédant aux sirènes de la modernité, nous avons désormais une page Instagram dont la fonction sera avant tout de vous informer de la sortie de nouveaux articles et de diffuser des nudes de vos journalistes favoris :

https://www.instagram.com/la_lodge_skate_journal/

mercredi 10 août 2016

Jason Dill et la campagne #Help_us_to_shop

L'ouverture du shop Supreme à Paris, et des centaines de jeunes contraints d'attendre sur le trottoir. Certains d'entre eux n'avaient plus de batterie, ni aucun moyen de recharger leur téléphone pour partager leur géolocalisation sur Facebook ou consulter les dernières paires de sneakers en vente sur Ebay. Des images terribles.


En Septembre prochain, le monde de la street-wear s'apprête à connaître un micro-séisme puisque la marque Supreme sortira sa collection "back to school". Il est désormais de notoriété publique que traditionnellement, cette collection d'automne suscite un engouement très marqué tant par les inconditionnels de la marque que pour les néophytes qui cherchent à s'habiller pour la rentrée.

On se rappelle encore la surprise des autorités lors de l'ouverture du shop parisien, et l’affût massif de jeunes venus faire des emplettes. Mouvement aussi subit qu'écrasant, cette vague de clients a fait l'objet d'une appellation particulière par la Mairie de Paris : les fashion-migrants. Phénomène relativement récent, ce terme désigne ces jeunes qui sont contraints par des forces extérieures à venir s'approvisionner dans des hauts-lieux du prêt-à-porter. Des conditions de vie souvent difficiles pour des jeunes contraints de débourser parfois jusqu'à 500€ d'argent de poche pour se protéger du froid.

 
Jason Dill, skateur engagé corps et âme dans la campagne #Help_us_to_shop. Quand il ne consacre pas son temps à la campagne, Jason filme aussi des lines à Répu en agitant beaucoup les bras.




C'est dans l'optique d'éviter un nouveau drame tel que celui de l'ouverture du shop parisien et l’afflux en masse de migrants-fashionistas que Jason Dill, skateur californien chevronné et sensible aux problèmes sociaux rencontrés par les plus jeunes, a décidé de mettre son image au service d'une campagne fraichement lancée : #Help_us_to_shop
"Il faut pouvoir veiller à ce que tous les jeunes puissent faire du shopping en tout sécurité. Aujourd'hui, tout skateur a droit à sa casquette Supreme." 

Campagne lancée par un collectif de shopper-addicts, #Help_us_to_shop a pour objectif de prévenir les incidents liés au shopping de masse et veiller au respect de la personne et la dignité des fashion-migrants.

#Help_us_to_shop et Supreme unissent leur force au service des fashion-migrants

Le but est simple : améliorer la vie des fashion-migrants dans ces files d'attente interminables, notamment lors d'occasions particulières tels qu'un coloraway en édition limitée, ou un co-branding bien senti. En clair, il s'agit de fournir aux fashion-migrants des éléménts de premières nécessité. 

Faire la queue pour une édition limitée peut très vite vire au calvaire, surtout si l'on n'est pas préparé. Crotte de chiens, fumées de pots d'échappement, piétons sapée à la mode de l'année dernière... le danger est partout.
 
Les bénévoles de #Help_us_to_shop se sont donc démenés pour récolter de la nourriture et des boissons à servir à ces jeunes dans le besoin. Une tâche relativement difficile, car les us et coutumes de ces fashion-migrants différent par fois des nôtres. Ainsi, lors de la sortie d'une édition limitée de la Dunk Ishod Wair devant un Nike Store, les bénévoles se sont heurtés au refus des fashion-migrants, qui ont pris ce geste pour de la pitié mal placée (voir photo ci-dessous).  Après un temps de dialogue et d'échanges, les bénévoles ont pu mieux cerner les besoins de ces jeunes. Désormais, il s'agit avant tout de leur fournir des bagels ou des burgers #homemade, ainsi que des boissons chaudes de chez Starbucks (hors café du jour), mais aussi des chargeurs de Iphone 6 ainsi que des perches à selfies.

 Le jour de la sortie de la Dunk Ishod Wair, les bénévoles ont apporté aux fashion-migrants des kebabs d'un restaurant dans le voisinage du magasin. Se sentant insultés, les jeunes ont saccagé le magasin en jetant la nourriture sur le propriétaire du restaurant-kebab. La barrière des cultures est parfois un obstacle difficile à appréhender.

lundi 8 août 2016

Spot central parisien, la place de la République frappée d'une interdiction


Ce mois-ci, une nouvelle atteinte aux droits des pratiquants de skateboard parisiens a été commise. La place de la République, épicentre du skate parisien, s'est vue frappée d'une interdiction. Suivant la tendance du "tout numérique" et des réseau sociaux, le service Jeunesse et Sports de la Mairie de Paris a décrété qu'il serait désormais interdit de skater sur la place de la République sans se filmer et poster ses clips sur Instagram.

Thierry Braillard, secrétaire d’État au sport s'explique : " De nos jours, dans le skate-game, il est indispensable de diffuser sa session quotidienne si vous cherchez à peser sur la scène. A partir de maintenant, nous allons assurer une veille quotidienne pour vérifier que chaque pratiquant prenne bien la peine de se filmer et poster son clip avec un minimum de cinq hashtags. Nous allons mener une politique zéro tolérance envers les réfractaires qui comptent pratiquer sur la place sans prendre le temps de faire un Insta."

Tristan, 15 ans, ne sort plus jamais skater sans son portable et se retrouve obligé à réaliser des édits quasi-quotidiennement, parfois au détriment de la qualité, une charge pesante en plus de son travail scolaire.
Une décision jugée largement arbitraire par les premiers concernés, les jeunes pratiquants de "Répu". Tristan, jeune skateur du 12e arrondissement s'exprime : "Avec ce nouvel arrêté, on n'a même plus la possibilité de pratiquer comme on veut. A peine on arrive, on doit direct sortir les portables et on se filme. L'autre jour, un ami à moi à voulu skater pour le plaisir, et il s'est pris une amende direct, il a eu beau dire qu'il s'entrainait pour une nouvelle édit', rien n'y a fait."

L'obligation de poster sa session quotidienne est devenue une véritable corvée pour l'adolescent. Pour aller plus vite, il avoue parfois bâcler le montage en se rabattant systématiquement sur de la trap-musique vindicative et des interactions entre autochtones alcoolisés de la place, conférant ainsi une street crédibilité à ses edits.

Hors antenne, Tristan nous explique qu'il est parfois lassé des bâtons mis dans les roues des skateurs par la mairie, et il nous confessera même nourrir le désir de tout arrêter pour monter un groupe reggae et se coller des douilles, une activité socialement mieux acceptée. La rédaction est de tout cœur avec Tristan, et nous souhaitons beaucoup de réussite dans ses futurs projets à ce jeune ambitieux.

Tristan, la tête pleine de projets

lundi 25 juillet 2016

Le scandale des planches Welcome dévoilé au grand jour

L'entreprise Welcome Skateboards, connue pour ses planches de skate aux shapes fantaisistes et son utilisation de l'imagerie du black métal, est cette semaine au cœur d'un scandale sans précédent dans l'industrie du skateboard.


Spécialisée dans les shapes fantaisistes, la marque a décidé d'en faire son faire-valoir , justifiant cette décision par la nécessité pour chaque planche d'être unique, donnant ainsi l'occasion à chaque skateur d'être unique et de développer son propre style.

extrait du site www.welcomeskateboards.com

Nos reporters ont donc décidé de rendre visites aux manufactures de la marque basées en Chine pour ensavoir plus. Et contre toute attente, ce qu'ils y ont découvert s'est révélé être une machination crapuleuse et immorale, destinée à réaliser un profit aux dépends de jeunes enfants en situation de handicap visuel.

Des shapes taillés à l'aveuglette... ? Vous ne croyez pas si bien dire !


En effet,  Welcome Skateboards emploie illégalement des enfants non-voyants pour réaliser les shapes et les graphiques des planches. Hébergés dans un centre adapté sans aucune rémunération si ce n'est un navet par jour, voilà plusieurs années que ces enfants croient participer à des ateliers d'arts plastiques et de création manuelle alors que leurs travaux sont systématiquement récupérés et vendus dans le commerce une fois que le macaron Welcome leur ait été appliqué.

Une jeune enfant mal-voyant s'apprête à réaliser une shape "unique" à son insu au profit de Welcome Skateboards.
Le caractère unique et particulier des shapes que la compagnie commercialise n'apparaît donc pas comme un choix volontaire, mais bien comme un des aléas lorsqu'on fait travailler des enfants visuellement déficients. Et c'est sur cette déficience que les dirigeants sans-cœur de la compagnie ont décidé de capitaliser, en dépit de la reconnaissance que les ouvriers aveugles mériteraient. Plusieurs doutes avaient déjà été émis quant à la forme absurde de ces planches ainsi qu'à leur largeur qui aura largement contribué au désamour du kickflip chez les plus jeunes pratiquants, au profit du early-grab.

Les graphistes de Welcome ne sont autres que des enfants mal-voyants dont les travaux d'art plastiques sont récupérés, mis à l'échelle, puis imprimés sur les planches de la compagnie.

Cette machination scabreuse aura déjà rapporté à la marque plusieurs milliers d'euros, sans qu'un seul centime ne soit reversé au enfants. Nous espérons que ces révélations mettrons un terme à ces agissements, et d'ici-là, nous vous recommandons vivement d'acheter des planches shapées normalement et d'avertir toute personne que vous croiserez avec un shape fantaisiste.





mercredi 8 juin 2016

Guru Khalsa a un business plan



Guru Khalsa n'a plus de sponsors, il a une longue barbe et poste des vidéos sur l'hindouisme dont tout le monde se branle sur son site tout bizarre (http://www.wakerobins.com/information/). Et pourtant malgré les apparences, il semble avoir un business plan aussi affuté que la faucille avec laquelle il récolte le chanvre. Parce que lorsqu'on regarde les clips de skate qu'il a eu l'idée de poster dans un rare moment de lucidité, on est presque tenté d'acheter ses t-shirts unis pourraves en papier crépon.

T shirt "Himalaya" gris. L'URL de la photo indique T shirt "mushroom", ça m'étonne qu'à moitié... Sans doute le seul t-shirt du stock qui n'avait pas de tâche. Il vaut bien ses 30$.
Toujours est-il que ça fait bien plaisir de le voir, parce qu'il envoie du leust et du spot bien dégueu. Ça rappelle les jours de gloire d'Habitat quand le man bum faisait foi. Allez, une dernière pour la route...


Le roll-on grind, symptôme d'une génération de feignasses

  Lylian Fev, roll-on fs crook  https://soloskatemag.com/lilian-fev-unique-relique-from-paris   Phénomène observable depuis maintenant plusi...