Le "skate-bizz" ou l'oligarchie moderne

YEARS BEST AM COLLIN PROVOST from Hellaclips on Vimeo.



L'élection annuelle du meilleur amateur de l'année est souvent l'occasion de pointer du doigt l'une des plus grosses bourdes de l'industrie, tout sauf méritocratique, du skateboard de haute voltige. Cette année, la bourde fut de se rendre compte que le jeune maigrichon à la planche ornée du monstre cornu et aux chaussettes multicolores, par cette habile périphrase j'entende bien là Colin Provost, a été beaucoup trop négligé et aurait largement mérité d'être affublé de ce label, sans valeur semble-t-il, si ce n'est fincancière, qu'est le titre de "professionnel".

L'habileté du jeune éphèbe à faire de la planche sa soumise est indéniable, mais cela était le cas depuis moult années. Pourquoi diantre un tel refus de reconnaissance alors?

Un indice:


Oui Messieurs, dans le monde à roulettes, qui lui aussi se doit d'obéir aux rouages impitoyables de la machine capitaliste, les lois de la "marketabilité" prévalent. A tel point que même une erreur d'enfance requiert de longues années et d'incontestables prouesses pour s'effacer. Aussi, oui, Collin Provost a skaté longtemps pour la marque au sigle arborescent, oui, il a participé à des vidéos mettant en lumières les talents de midgets pré pubères et autres faux pas ; mais abolissons la tyrannie des apparences et clamons le haut et fort : il rippe plus que tous les amateurs de chinos et de mocassins qui emplissent les pages des feuilles de choux skateboardistiques ces jours-ci.

Quoi ? Il n'a pas été élu cette année, c'était l'année dernière ? Fuck, on laisse l'article les mecs !

Sur les sentiers de la maturité



Connaissez vous ce désarroi profond qui vous saisit lors d'une session au skatepark local, quand vos amis tardent à arriver et que vous êtes le seul individu de plus de 20 ans à pousser l'objet à roulettes? Une multitude de mioches se croisent en venant de toutes latitudes et longitudes; certains sont en trotinettes et d'autres possèdent un 3-6 flip un peu trop parfait pour leur âge. Vous vous mangez un kid à chaque essai et vous faites harrasser de questions aussi métaphysiques que "C'est quoi ta board?", "Tu sautes combien de marches?", mais pas un aura la délicate attention de venir vous voir en disant: "Eh tu vois, celle qui me surveille là, c'est ma soeur, tu veux son numéro ?"



Et bien, dans ces moments là, sachez qu'il est très dur de garder foi en le skateboard. Le doute vous submerge et vous vous demandez rapidement si il n'est pas temps de grandir, que peut-être après tout, le skateboard n'est rien d'autre qu'une trotinette sans guidon. Vous repensez à cette proposition de CDI que vous avez décliné pour skater les après-midi, à cette fille qui vous a largué parce que vous passiez plus de temps sur votre planche que sur elle. "Je pourrais déjà être marié et avoir des gosses si il faut..."

Et alors que vous vous voyez au plus bas, surgit un petit clip de John Rattray qui redore le blason du skateboard en 2 min chrono. John skate sans faire de chichis, sans prêter attention à aucune mode, et pour avoir croisé son chemin, il semble que son skate illustre parfaitement sa personnalité: sans artifice mais efficace. (Phrase prétentieuse à venir -->) Messieurs les skêtos, sachez que dès lors qu'une activité physique permet à quelqu'un de s'exprimer qualitativement et non quantitativement, de faire passer les subtilités de sa personnalité, et bien sachez que cette activité devient un art à part entière. Parfaitement. John skate comme un homme et permet à chaque homme de plus de 20 ans de montrer à ses amis non-skateurs que le skate, ce n'est pas ce qu'il voient à la TV, ni au skatepark local ; mais que c'est simplement ça, rouler sur une planche sur tous types de terrains et en faire ce que l'on en veut.

(oui le clip date, mais je suis retombé dessus, alors commencez pas)

Sunny Days in Bordeaux





Profitant de cette fin d'hiver plutôt clémente, les membres du cercle lodgien sont partis à l'assaut des rues armés, non pas de leur pénis et leur couteau, pour reprendre l'expression populaire, mais plus de leur créativité et de leur sens aigu du détail. Certaines mauvais langues diront que cette créativité n'est mise à profit que pour pallier un manque de capacités physiques certain, il n'en est rien cependant. Sachez qu'après la prise de chacun de ces clichés, chaque membre est allé se balarguer sur les 14 marches de Meriadeck, preuve photographique à l'appui:



ps: photo & montage par Léon Latécoère




Days & Nights teaser

Days&Nights teaser #2 from Julien_J on Vimeo.



Deuxième teaser de la production bordelo-montpellieraine. Avec quelques prestations de certains membres de l'éminent cercle lodgien.

Ambassadeur de la lettre G

Javier Nunez - Why Skateboarding? from Highsnobiety on Vimeo.



Ambassadeur d'un skate défunt et des baggys marqués de feue l'étoile Campbelienne, Javier Nunez n'est jamais avare en production acrobatique originale. Je passerai outre son affiliation avec la marque Famous Stars and Straps qui, cela se doit d'être interprété dans la tradition directe de contradiction qui régit les esprits de La Lodge, n'est pas entièrement gerbante. Je vois d'ici les yeux exorbités et narines retroussées de nos lecteurs fidèles, mais sachez que si nous déplorons l'usage d'un rap bas de gamme et le recours à outrance aux motifs dorés, on ne peut que saluer l'ardeur que ces 'homeboys' mettent à l'ouvrage.
Felix Arguelles, malgré 40 ans bien pesés se paye une full part street sur le Berrics. Luis Tolentino a un pop de chacal, malgré un bâgout et une verve trop prononcée, et enfin, Javiez Nunez est resté OG toute sa carrière et ne finit pas d'étonner.

C'est avec un certain scepticisme que le début de ce spot publicitaire fut accueilli, entre un wallride des plus classiques (quoique "costaud" selon les dires du gros du 5e, je crois qu'il skate mal cependant) et une trame narrative des plus classiques de type "Je ne sais où je me trouverai sans les bienfaits que la planche à roulettes a apporté à mon existence de truand." La rengaine classique ayant pour but d'augmenter le capital ghetto du protagoniste. Soit.
Mais, comble de la surprise, le spot se conclue par une reprise anaphorique du wallride, avec cependant une variation (et quelle variation!!!) : un kickflip out que l'on se laissera à qualifier de "sur-G"!!! Il n'en fallut pas plus pour convaincre la rédaction de La Lodge: tasses de cafés furent renversés, feuilles jetées en l'air dans un élan de joie, poitrines tambourinées en vue de célébrations viriles.
Il est à noter que si les parution de Gangsta Javier sont rares, elles ne finissent pas d'étonner. On se rappellera entre autres le switch front board sur le très long muret en downhill ainsi que les switch hard flips en courbe dans son Banging au Berrics.
Il est donc légitime d'affirmer que "he's holdin' it down" et de pousser le vice jusqu'à le qualifier de "crazy mothafucka". Merci de garder la flamme G vivante Javier.

Dixi 5 & La Lodge

N'étant pas totalement dénués de bons sens, les membres et proches de l'éminent cercle Lodgien savent où aller pour couvrir leurs cheveux gras et poisseux par ces rudes températures hivernales. C'est naturellement en tant que 'friends' qu'ils ont prêté leur corps et leurs aptitudes à la marque de 'headwear' girondine qui fait parler d'elle en ce moment, j'ai nommé Dixi 5. Nous ne nous hasarderons pas sur les sommes exorbitantes qui ont été versées pour justifier de telles prouesses mais sachez que les bureaux de La Lodge se sont vus agrandir et que ce petit jacuzzi nous a enfin été livré.





Bordeaux & nous par Ben Chadourne

BORDEAUX ET NOUS from BEN CHADOURNE on Vimeo.

Fat boys are back

(photo prise sur SlapForum)



Le but de ce pamphlet n'est bien évidemment pas de signaler le "back in business" du très potelée Brian Wenning mais plutôt d'apporter une réflexion quant à l'attitude à adopter vis à vis de ce retour.

Des sponsors plus que douteux, une verve et un bagout exacerbée, un embonpoint prononcé, tous les ingrédients sont réunis pour créer une nouvelle tête de turc pour les skate-rats hautement qualifiés qui pullulent sur les forums spécialisés. La comparaison avec son ancien "wing man" Anthony Pappalardo se fait de manière instinctive et l'on est très vite amené à admettre que le maigrelet de Long Island semble être rester plus fidèles à ses racines, refusant tout corporatisme et toutes parutions à outrance à défaut de qualité.



Et bien chers lecteurs et lectrices, cramponnez vous à vos sous-vêtements, car La Lodge s'apprête à prendre à contre-pieds cette thèse. Nous laisserons de coté toute considération esthétique pour ce faire, étant évident qu'une photo de Pops aura toujours plus de valeur que la plus technique des prouesses du bon vivant du New Jersey. Ce qui nous intéresse plus est l'aspect éthique du phénomène, et sur ce point là, Brian Wenning semble sortir victorieux, brandissant son petit poing potelé et tatoué d'obscénités. En effet, bien que Pops reste un des "all time favorites" de la rédaction de La lodge, il est désormais un fait accepté que ce dernier "se touche sérieusement le pipi" en terme de production visuelle et de dévouement à la tâche. D'autre part, on ne peut nier l'ardeur que met Brian Wenning à ce retour sur la scène, il enchaine les démos, les interviews remplis de citations déjà intemporelles du fait de leur stupidité, et mouille le maillot (littéralement) sur la planche et devant l'objectif. Si le style n'est plus entièrement la, on ne peut que saluer l'entreprise et rester pantois devant le spectacle de cet être bedonnant se balarguant en switch heel sur des gaps que beaucoup de skateurs trentenaires (Pops le premier) se refusent à aborder autrement qu'en ollie.